Gérard Courant est un personnage que l’on peut qualifier d’atypique dans le monde du cinéma mondial. Touche à tout extrêmement prolifique, son travail est internationalement connu et respecté. Il s’est bien sûr emparé du téléphone portable pour travailler.
Takavoir : Bonjour Gérard. Quelle est votre actualité ?
Gérard Courant : J’étais à Dubaï entre le 14 et le 20 avril pour assister au festival de cinéma le Gulf film festival. Il proposait une rétrospective de mes films. Un des membres de l’organisation suit mon travail. Un livre en arabe va même sortir !
Takavoir : Comment classer votre travail ?
Gérard Courant : C’est un cinéma qui ne ressemble pas à ce qui se fait habituellement. Les gens de la fiction ne me reconnaissent pas comme l’un des leurs, idem chez les documentaristes et ceux qui font du cinéma expérimental. Mais je suis invité dans tous les milieux.
J’aime cette position qui consiste aussi à créer des liens avec des univers diversifiés comme les arts plastiques, les musées, la photo.
Takavoir : Comment se fait-il que votre carrière ait pris cette direction très particulière ?
Gérard Courant : C’est le hasard de la vie. Au départ j’étais juste motivé par le fait de réaliser un long métrage. Mais jamais je n’aurais pensé en faire autant ! Je n’ai jamais arrêté, je suis un gros filmeur !
Takavoir : Pouvez-vous nous donner un exemple de votre travail ?
Gérard Courant : Je pratique ce qu’on appelle le « work in progress ». Avec le Cinématon par exemple, je viens d’atteindre les 2420 portraits, 161 heures de film et 33 ans de tournage !
Je réalise par ailleurs un journal, sorte de carnets filmés, comme un journal littéraire ou un carnet d’esquisses pour un peintre.
Takavoir : Avez-vous déjà travaillé avec le téléphone portable ?
Gérard Courant : Oui j’ai déjà beaucoup tourné avec cet outil. J’ai notamment été invité au festival Pocket films en 2007. J’ai tourné pour l’occasion les aventures d’Edie Turley 2. Il s’agissait d’un remake, 20 ans après, d’un film que j’avais déjà réalisé.
Ce fut une découverte. Je pouvais faire des choses que je n’avais jamais faites.
Depuis j’ai réalisé des carnets filmés, une décalogie de 10h30, tournée à Dresde, en Bourgogne, dans la région de Nantes, de Marseille et à Paris. Tous ces films sont passés à Dubaï. Les spectateurs étaient très intéressés, étonnés du résultat, de la qualité des images, que je retravaille beaucoup, et du son.
Takavoir : Qu’attendez-vous de votre participation au festival Takavoir ?
Gérard Courant : J’attends d’apprendre des choses. Même s’il y a de plus en plus de gens qui tournent, que le nombre de films croit de plus en plus rapidement, qu’on voit de tout, du bon et du moins bon.
Ce sera l’occasion de voir beaucoup de films. Henri Langlois disait : quel que soit sa qualité, on apprend toujours quelque chose devant un film.
Takavoir : Avez-vous déjà participé à un jury de festival ?
Gérard Courant : Oui, j’en ai fait beaucoup. C’est très intéressant. Les confrontations entre les membres, souvent d’horizons divers, sont l’occasion d’échanges fructueux, qui obligent à bien définir ses arguments.
Propos recueillis par Karl Duquesnoy